Vous savez cette loi de la vie qui veut que vous ne trouviez ce que vous cherchez qu’après vous être plaint·e de ne pas le trouver ? Ça vaut pour vos clés, votre téléphone, les panoramas sur Guild Wars 2 et le wordle du jour. Eh bien, ça n’a pas loupé. Juste après vous avoir écrit que j’étais bloqué·e et que tout était terrible, j’ai fini un premier jet du roman jeunesse.
Camille Clerc, puisque tous mes manuscrits ont le nom de leur protagoniste principal·e pour titre de travail, a désormais un début, un milieu, et plus important, une fin. Elle a aussi un grand nombre d’incohérences, car j’ai changé d’avis à mesure que j’écrivais, mais ! Ce n’est pas le plus important ! L’excitation est revenue !
C’était un sacré challenge dans la mesure où ça arrive à un moment où il fait trop chaud pour la vie.
Tout semble bouger en même temps puisqu’au moment où j’écris cette lettre, je procrastine la finalisation de mon sac pour me rendre aux Imaginales. Malgré le climat politique délétère de l’édition de cette année1, je ressens une certaine excitation (encore) à l’idée d’aller pitcher le roman de fantasy (pas Camille Clerc, donc) à des éditeurices2. Et la semaine d’après, j’ai une formation de scénario.
Iiiiiiih.
Franchement, j’ai toutes les raisons d’être heureuxe, et je le suis.
Mais l’autre jour, je suis allé·e au lancement de l’excellent roman graphique Amours Croisées de Laura Nsafou, et un peu plus tard celle-ci tweetait qu’elle ne ferait plus jamais de rencontres en pleine réécriture. Et je comprends à 100% ce qu’elle veut dire. Moi aussi j’ai juste envie de m’enfermer avec un thé et Camille et continuer à crafter, semer des animaux sauvages, gaslighter le récit même jusqu’à lui donner l’impression que tout était prévu depuis le début. D’ailleurs, je ne suis pas læ seul·e à me sentir comme ça, voyez ce que j’ai trouvé sur la porte de mon placard :
Au moins, cette expérience d’une banalité rassurante nous rappelle que les traversées du désert ont une fin : si nous prenons soin de notre fatigue, elle finira par laisser place à l’énergie. Il y a deux mois, j’étais stressé·e au point d’envoyer des CVs, maintenant je voudrais qu’on m’enferme dans une cabane avec juste de quoi charger mon ordinateur et alimenter la bouilloire. Vous avez raison, je ne suis jamais content·e. C’est vrai, j’aimerais que la vie fasse un meilleur travail à se lover autour de mon écriture sans la déranger, que le salariat ne tombe que quand je n’ai de toute façon pas d’inspiration. Et je ne sais pas si je mérite autant d’égards, mais je décide que mon écriture, elle, si.
Mon écriture mérite aussi que je fasse de mon mieux pour la sortir de mes tiroirs, cela dit, alors j’y vais malgré la peur au ventre et la conscience que le speed-dating n’est pas un exercice destiné à montrer qu’on sait écrire, mais qu’on sait parler. Et après ça, puisque la vie ne s’en charge pas pour moi, il me faudra ménager cet espace où être hyperfocalisé·e sur mes personnages (et désagréable avec quiconque m’interrompra, sauf si c’est pour me proposer de la nourriture) des heures d’affilée.
J’ai hâte, tellement hâte d’enfouir ma tête entre les scènes et de les réarranger fiévreusement.
Conférences progressistes déprogrammées, auteurices ayant pris des positions contre le sexisme dans le milieu non réinvité·e·s, une conférence au titre ouvertement islamophobe toujours pas retirée du programme au moment où je vous parle… On va faire de notre mieux.
Je n’ai pas osé en parler publiquement avant parce qu’un homme cis a été vexé un jour, et je n’ai pas besoin de vous expliquer les conséquences que ça a pu avoir. Mais au moment où cette lettre partira, tout aura eu lieu. Et puis, flemme des hommes cis.
J'avoue que je me sens motivé rien qu'à te lire hihi <3
C'est si fourmillant d'ondes positives, merci pour ceci. <3